À l’orée de mes 65 ans, mon bonheur éclatant ne passe pas par la maternité

Publié le 30 juin 2025

Si la maternité est souvent présentée comme l'aboutissement d'une vie de femme, mon expérience démontre qu'il existe d'autres voies vers l'accomplissement. Sans enfant mais le cœur léger, je savoure une retraite épanouissante qui confirme la justesse de ce choix de vie assumé sans le moindre remords.

Vivre selon ses propres règles

Depuis toujours, je n’ai jamais éprouvé cette prétendue « fibre maternelle » tant célébrée. Mon univers d’enfant ne comptait ni poupons ni jouets de nurserie. Ce qui m’animaient ? L’appel de l’inconnu, le frisson de l’aventure, le désir d’horizons nouveaux. Tandis que mes camarades imaginaient leur future progéniture, moi je feuilletais des guides de voyage et collectionnais les rêves d’évasion.

Tokyo au printemps, les steppes argentines, un atelier de poterie ensoleillé… Voilà ce qui peuplait mes nuits blanches et mes journées rêveuses.

Les commentaires persistants… et indifférents

Les réflexions ont toujours fusé :

« Attends d’être vieille, tu verras »,
« Tu rates le plus beau »,
« Le temps te fera changer d’avis »

À la trentaine, on me promettait encore des révélations. À quarante ans, on m’annonçait mon futur repentir. À cinquante, on m’assurait que j’avais raté le coche. Aujourd’hui, à soixante-cinq printemps, certains s’obstinent à chercher dans mes yeux un regret qui n’existe pas.

Pourtant, jamais je ne me suis sentie aussi en harmonie avec mon être profond.

Une existence tissée de découvertes

Ma vie n’a jamais connu la monotonie. Elle a été un kaléidoscope d’expériences, de passions et de rencontres improbables. Une carrière épanouissante, des choix courageux, des âmes sœurs dispersées aux quatre vents. J’ai connu des amours torrentiels et des histoires plus tranquilles. J’ai valsé jusqu’à l’aube dans des ruelles lisboètes, pleuré devant les lumières nordiques, découvert la langue de Dante sur le tard, et collectionné des saveurs dont je garde le souvenir bien plus que le nom.

Surtout, j’ai eu ce luxe ultime : le temps. Du temps pour cultiver mes passions, pour être présente à ma manière. Tante attentionnée, amie fidèle, oreille toujours disponible. Ce que je n’ai pas investi dans une famille traditionnelle, je l’ai offert en moments partagés et en complicité sincère.

Déjouer les attentes sociales

Ce qui continue de m’étonner, c’est cette incapacité collective à accepter les parcours singuliers. Comme si l’absence d’enfant équivalait automatiquement à un manque, une faille existentielle. Comme si l’amour ne pouvait s’exprimer que dans le cadre familial conventionnel.

Je ne méprise pas la maternité – bien au contraire. Mais elle ne représente pas l’unique voie vers le bonheur. Il est urgent de valoriser d’autres modèles de réalisation. Ceux des femmes qui écrivent leur histoire hors des sentiers battus, au rythme de leurs aspirations profondes.

Solitude choisie, liberté assumée

Oui, je vis seule. Mais la solitude n’est pas ce vide mélancolique qu’on imagine. C’est un espace de possibilités infinies. La liberté de suivre mon horloge interne, de répondre à mes envies du moment, de savourer chaque instant sans compromis.

À toutes celles qui doutent face au jugement d’autrui : sachez que l’épanouissement se décline en mille versions. L’important n’est pas de correspondre à un modèle, mais de trouver sa propre musique intérieure.

Car en vérité, il existe autant de vies réussies que d’individus sur cette terre.